Les auteurs sont marrants, ils veulent des préfaces. Ils les envisagent comme des radeaux; un petit coup de pouce pour quitter la rive. C’est souvent louche, une préface. Ou le livre est nul donc la préface malhonnête. Ou il est couci-couça donc la préface amicale. Ou il saute aux yeux qu’il n’a aucun besoin de préface. Sauf à jouer l’air préféré du préfacier : Regardez ce que j’ai découvert ! Mais comment l’éviter, quand on veut partager ?
Un matin, six photos sont tombées d’une enveloppe que j’ouvrais. Projet du bouquin : Un visage, une ardoise, un mot. Je n’en ai pas cru mes yeux. J’ai demandé à voir les quarante autres photos. Aucun besoin de préface. Ici, chaque visage suffit au mot de l’ardoise. C’est une histoire entière qui s’est écrite à chaque déclic. Longtemps que je n’ai rien vu d’aussi juste. Vous verrez, vous aussi vous ferez passer.

Daniel Pennac